Après une année 2023 marquée par des performances exceptionnelles sur les marchés financiers mondiaux, l'année 2024 se révèle plus nuancée en raison de tensions géopolitiques et d'une inflation persistante.
Le premier semestre de 2024 a été caractérisé par une forte dynamique sur les marchés boursiers occidentaux, bien que certaines disparités soient à noter. Les marchés ont été principalement soutenus par les valeurs technologiques et la résilience de la croissance économique mondiale, notamment aux États-Unis. En conséquence, la plupart des entreprises ont affiché des résultats conformes ou supérieurs aux attentes pour le premier trimestre, propulsant les principaux indices à de nouveaux sommets. L'inflation a montré des signes de ralentissement, bien que des résistances aient été observées en mai.
En juin 2024, le taux d'inflation annuel de la zone euro s'est établi à 2,5 %, contre 2,6 % en mai, tandis que l'indice des prix à la consommation américain a diminué à 3 % en juin, après 3,3 % en mai. Cette atténuation de l'inflation a conduit les banques centrales à envisager un assouplissement de leur politique monétaire.
La Banque Centrale Européenne a ainsi réduit ses taux pour la première fois le 6 juin 2024, avec une baisse de 25 points de base, passant de 4 % à 3,75 %. Les investisseurs anticipent désormais une seule baisse de taux de la Fed et probablement deux baisses supplémentaires de la BCE. La Fed est restée prudente, attendant une confirmation de la baisse durable de l'inflation.
Grâce à une économie robuste, notamment soutenue par le secteur technologique, les principaux indices américains ont atteint des niveaux historiques au premier semestre 2024. Le S&P 500 a enregistré une performance de +15,3 % depuis le début de l'année, tandis que le Nasdaq a progressé de +18,5 %. Le Dow Jones, en revanche, a montré une performance plus modeste avec +4,21 %. En Europe, la situation est plus contrastée. L'EuroStoxx 50 a connu une performance de +8 % au premier semestre 2024, inférieure à celle des indices américains, en raison des incertitudes politiques telles que la crise agricole et les élections européennes, qui ont généré une volatilité accrue sur les marchés.
En France, le premier semestre a débuté avec des performances positives, atteignant un nouveau record historique à 8 259,19 points le 10 mai pour le CAC 40, avec une hausse de +9,5 % depuis le début de l'année. Cependant, ces gains ont été rapidement effacés en raison des incertitudes politiques liées aux élections européennes et à la dissolution de l'Assemblée nationale. Ces événements ont alimenté les inquiétudes des investisseurs et accru la volatilité des marchés. De plus, l'agence Standard & Poor’s a abaissé la note de crédit de la France à AA-, en raison de la détérioration des finances publiques et d'un déficit public de +5,5 %.
Ces facteurs ont conduit à une correction des gains accumulés, avec le CAC 40 enregistrant une hausse de +11,3 % le 15 mai, mais terminant à -0,68 % au 28 juin. Sur le marché obligataire, la dégradation de la note de crédit a entraîné une légère hausse du rendement de l'OAT 10 ans, atteignant 3,12 % le 3 juin contre 2,53 % fin 2023, avec un écart de 50 points de base par rapport au Bund allemand. Le premier tour des élections législatives a accentué cette tendance, faisant grimper le rendement à 3,20 % et élargissant l'écart à 80 points avec le Bund.
Le mois de juillet a mis à l'épreuve l'optimisme des investisseurs. Les résultats des entreprises pour le deuxième trimestre ont été décevants tant aux États-Unis qu'en Europe, en raison des tensions géopolitiques et commerciales, de statistiques économiques décevantes et de l'absence de reprise de l'économie chinoise. En août, la situation est devenue plus incertaine avec la publication du rapport mensuel sur l'emploi aux États-Unis et la hausse des taux de la Banque Centrale Japonaise (BOJ). Le rapport américain a montré une augmentation des emplois non agricoles de 114 000, inférieure aux attentes de 175 000, un taux de chômage de 4,3 % contre 4,1 % prévu, et une hausse des salaires horaires de 0,2 % au lieu de 0,3 %. Ce rapport a alimenté les craintes d'un ralentissement économique et d'une potentielle récession pour le second semestre de 2024.
Parallèlement, la BOJ a relevé ses taux directeurs, provoquant une réaction négative sur les marchés obligataires mondiaux et pesant sur les perspectives des entreprises japonaises exportatrices en raison d'une montée du yen. La bourse de Tokyo a chuté de 12 % en une seule journée, tandis que l'impact aux États-Unis et en Europe a été plus modéré, avec une correction de 3 % pour le Nasdaq, le S&P 500 et l'Eurostoxx 600.
Ces événements ont provoqué un pic de volatilité, le VIX atteignant son plus haut niveau depuis mars 2023 à 23 points. La Fed a dû intervenir pour calmer les marchés, soulignant qu'il n'était pas nécessaire de prédire une récession basée sur ces statistiques. Elle a également précisé que l'économie américaine montrait une résilience avec une croissance de 2,8 % au deuxième trimestre 2024, supérieure aux prévisions, et que la trajectoire de l'inflation permettrait une réduction des taux directeurs à partir de septembre.
Lors de son intervention à Jackson Hole le 25 août, la Fed a confirmé que les conditions macroéconomiques permettaient une baisse des taux en septembre. Cette annonce a été bien accueillie par les marchés, entraînant une reprise des performances et dissipant les craintes de récession.
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Rédigé le 29/08/2024